Certains progressistes, ayant obtenu un poste politique important dans l’actuel régime, ont choisi de renier leur passé de militants.
Il s’agit du repos du guerrier diront quelques-uns.Ils sont passés au réalpolitique diront d’autres.
Fidel Castro a dit un jour : « Sans le pouvoir, les idéaux ne peuvent être réalisés ; avec le pouvoir, ils survivent rarement ».
On pourrait donc comprendre que leurs positions ne leur permettent pas de s’acharner à défendre des idéaux qui nuiraient à leurs carrières.
Cependant, on ne peut qu’être déçus et même très déçus, de ces progressistes auxquels nous avons cru un jour.
Vous me diriez ils n’ont rien à cirer de notre déception, cela peut constituer le dernier de leurs soucis.
Jacques Dutronc - L'opportuniste
Pour se redonner des airs de militants ces "progressistes repentis", se mettent de temps en temps à défendre des causes dites « marginales » criant haut et fort qu'il n'existe pas de petites batailles. Entre temps ils passent sous silence des causes aussi importantes que le non-respect de la constitution par l’exécutif, le sort des victimes de l’immigration clandestine, les inégalités sociales croissantes et le retour en force des abus policières.
Ils applaudissent les moindres gesticulations du gouvernement, en accusant ceux qui le critiquent de losers pessimistes. « Gardons notre optimisme pour avancer » nous disent-ils. Ils feignent de confondre l’optimisme avec la langue de bois, la tartufferie, la tromperie et la manipulation.
Pourtant, les optimistes dans ce pays c’est plutôt ceux qui continuent à militer pour les causes justes et qui croient stoïquement qu’on peut mieux faire dans ce pays.
De ce fait, ils refusent la langue de bois, vomissent les opportunistes et restent vigilants devant les dérives de politiciens sans véritables vision pour l’avenir du pays.
L’opportunisme, jalonne l’histoire de la Tunisie depuis l’indépendance. Il explique largement la longévité des deux dictatures qu’elle a connues. Il est en train de cautionner l’instauration probable de la troisième. On serait tenté de croire qu'il s'agit du destin de ce pays.
Par conséquent, militer de nos jours, revient à résister à cette "culture" d'opportunisme" sans baisser les bras, ni sombrer dans la déprime.
On y arrive très péniblement, mais on peine à convaincre les jeunes à épouser les valeurs de l'honnêteté et de l'authenticité.
Ils n'y croient que rarement, car la "réussite" des parvenus dans ce pays s'est érigée en exemple à suivre...
Harrar Dorra