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Hannah Arendt : Une fabuleuse réponse

                                      Hannah Arend

Hannah Arend

    Hannah Arendt répondait à la critique que Gershom Scholem lui avait adressé à propos de son livre “Eichmann à Jérusalem”, qui lui reprochait son absence d'amour du peuple juif (« Ahabath Israel »).

   Cette réponse est excellentesincère et intelligente, on pourrait  l'adresser à nos politiques carriéristes qui se sont spécialisés dans les "déclarations d'amour" aussi creuses et hypocrites les unes que les autres.  

   En effet, des phrases comme « j’aime la Tunisie »,  « j’aime le peuple Tunisien » « j’aime les femmes Tunisiennes   n’ont aucun sens. Surtout que les actes de leurs auteurs contredisent  "ces déclarations". 

Hannah Arendt : Une fabuleuse réponse

Extrait de la réponse d’Hannah Arendt :

« Vous avez parfaitement raison : je ne suis pas animée par un tel « amour », et cela pour deux raisons.

De ma vie, je n’ai jamais « aimé » aucun peuple, ni aucune collectivité, ni le peuple allemand, ni le peuple français, ni le peuple américain, ni la classe ouvrière, ni quoi que ce soit de semblable. Je reconnais que je n’aime en effet que mes amis ; et que la seule sorte d’amour que je connaisse et en laquelle je crois est l’amour pour des personnes.

De plus, cet « amour des Juifs » m’apparaîtrait, à moi qui suis juive, comme assez suspect. Je ne peux m’aimer moi-même ou aimer quoi que ce soit dont je sache qu’il fait partie de moi. Pour clarifier ce que j’entends par là, j’évoquerai une conversation que j’ai eue en Israël avec une personnalité politique de premier plan qui défendait l’absence de séparation entre la religion et l’État en Israël, une situation qui me paraît désastreuse. Je ne me souviens plus des mots exacts qu’elle employa, mais [elle] dit quelque chose comme :

« Vous comprendrez bien que, en tant que socialiste, je ne crois bien sûr pas en Dieu ; je crois au peuple juif. »

Je fus particulièrement choquée par cette affirmation, ce qui m’empêcha d’y répondre sur le moment. Mais j’aurais pu lui répondre ceci : la grandeur de ce peuple a été autrefois de croire en Dieu, et de croire en Lui de telle manière que sa confiance et son amour pour Lui étaient plus grands que sa peur. Et maintenant ce peuple ne croit plus qu’en lui-même ? Mais qu’est-ce qui pourrait bien sortir de bon de cela ? Eh bien, je n’« aime » pas les Juifs en ce sens-là, et je ne « crois » pas non plus en eux ; je suis l’une des leurs, voilà tout, cela relève de l’évidence, et ne peut prêter à discussion. »

 

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