Le besoin de transmettre sa joie au cercle des intimes a toujours existé. Il semblerait donc, qu’il soit un réflexe naturel. Avec le développement des réseaux sociaux, notamment facebook, cette transmission a pris de nouvelles formes et concerne désormais les grands comme les petits évènements.
Cette « manie » agace certains et fait l’objet d’études scientifiques sérieuses.
Ainsi, une équipe de psychologues américains 1 a proposé à 250 étudiants de choisir parmi plusieurs scénarios comment ils réagiraient pour clamer un exploit qu’ils venaient de réaliser.
Tous les participants ont déclaré vouloir faire participer un ami proche ou un membre de la famille à leurs différentes réussites.
Une partie d’entre eux, a déclaré adorer parler de leurs prouesses devant leur entourage, sans tenir compte de leurs sentiments.
Les auteurs de l’étude estiment que le fait de partager ses réussites avec un ami proche ou un membre de la famille est une bonne chose. Cela augmente la joie et améliore les relations avec les proches.
Par contre, pavoiser et parler de ses exploits à tout le monde, peut endommager les relations avec autrui.
Par ailleurs, ils relèvent que ceux qui veulent en mettre plein la vue, sont les personnes les moins empathiques et les plus narcissiques du groupe étudié. La majorité des femmes de la population étudiée savent, mieux que les hommes, partager leur bonheur avec leurs proches et sur les réseaux sociaux.
Selon un sondage Ipsos réalisé pour le très sérieux Observatoire du Bonheur2 - les ¾ des individus ont désormais le réflexe de partager des événements heureux sur les réseaux sociaux
Pour 87 % des personnes interrogées, cela augmenterait le bonheur éprouvé.
Or ces plaisirs partagés sont simples et potentiellement quotidiens : pour 57% des sondés il s’agit des «repas ou réunions de familles», pour 39% des «repas ou soirées entre amis», pour 29% des «repas ou soirées en couple». En observant différents partages des tunisiens, nous pouvons remarquer cette tendance chez nos internautes.
Kristin Diehl, professeur agrégée de marketing à l'Université de Californie a effectué une étude pour évaluer le plaisir des gens lorsqu'ils relaient les événements qu'ils vivent et lorsqu'ils ne le font pas. Il en ressort que la joie de vivre serait multipliée au moment de poster (et donc de partager son bonheur sur les réseaux sociaux).
Par ailleurs, beaucoup considèrent frustrant de voir le bonheur des autres à travers les photos, sur les réseaux sociaux.
Personnellement, sans sentir une quelconque frustration, j’ai toujours trouvé bizarre de publier ses repas et ses breuvages, car il ne s’agit pas à mon sens de partage : Quand on veut partager un bon repas ou une bonne bouteille avec quelqu’un on l’invite.
Maintenant que les spécialistes, nous disent que cela fait beaucoup de bien à leurs auteurs, je me dis tant mieux pour eux.
Concernant les gens que le bonheur des autres sur les réseaux sociaux frustre, je pense que le problème est en eux. Nous avons tous des moments de bonheur, l’extase n’existe nulle part.
Il faut savoir trouver des sources d’épanouissement qui correspondent à nos moyens et à notre nature, dépassant les stéréotypes, souvent superficiels du paradis sur terre.
Partant de mon expérience personnelle, je confirme que le bonheur des autres, peut être une source de son propre bonheur quand on ne tombe pas dans le piège de comparer sa vie à celle des autres et quand on sait ce que l’on veut.
Partager la joie des proches peut nous faire oublier nos problèmes, nous ressourcer et nous donner de l’espoir.
Beaucoup de penseurs le confirment :
« Le bonheur est contagieux : entourez-vous de visages heureux. »
Dominique Glocheux
« L’homme qui dit qu’il n' est pas né heureux pourrait du moins le devenir parle bonheur de ses amis ou de ses proches. L'envie lui ôte cette dernière ressource »
La Bruyère les caractères
« Manifester son bonheur est un devoir ; être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible. »
Albert Jacquard
« Il faut essayer d’être heureux ne serait-ce -que pour donner l’exemple »
Jacques Brel
Partager la joie des autres est un art qui procure beaucoup de joie à celui qui en possède l’habilité.
Les fanfarons qui clament haut et fort leurs exploits pour frustrer les autres, ne devraient pas vous frustrer car ils sont souvent pathétiques, amusants quelque fois et à zapper dans la plupart des cas.
Harrar Dorra
1 : How do people share their positive events ? Journal of individual Difference, volume XXXVII n°4 2016.
2 : -observatoire créé en 2010 par Coca-Cola pour financer la recherche sur le thème du bonheur